CHEIKH AHMAD TIDJANI CHERIF (RTA)
La Tarikha Tidjaniyya a été fondée par un descendant direct du Prophète Mouhammad (P.S.L) par Hassan fils de Ali Ibn Abu Talib et Fatima bint Rassoul. Cheikh Ahmad Tidjani, fils de Mohammed Ibn Mokhtar Tidjani et de Aicha est venu au monde en 1737 correspondant à 1150 de l’hégire à Aïn Madhi en Algérie. Il grandit dans une famille très attachée au Coran et à la Sunnah, ce qui lui a valu une excellente éducation religieuse.
Au terme d’une retraite spirituelle à Boussemghoun dans le désert algérien en 1783, alors âgé de 46 ans, se produisit la rencontre mystique entre Cheikh Ahmad Tidjani et le Prophète (P.S.L). Ce dernier lui enseigne, directement et à l’état de veille, une nouvelle voie. Il devint donc le dépositaire de la voie spirituelle du Prophète lui-même (P.S.L), voie qui renferme en elle toutes les autres voies.
C’est la Tariqa Ahmediya, Mohamediya, Ibrahimiya, Hanifiya qui renferme des grâces énormes jamais obtenues par toutes les autres voies, tout comme la communauté de Mohammed (P.S.L) a des grâces qui n’ont jamais été obtenues par toutes les autres communautés avant l’Islam.
Ainsi, le Prophète (P.S.L) enseigna son wird à Seydina Cheikh et lui dicta les conditions que comportait sa voie. Il s’adressa à lui en ces termes: « Maintiens-toi dans cette Tariqa sans te retirer du monde, ni cesser d’être en relation avec les hommes jusqu’à ce que tu atteignes la station spirituelle qui t’es promis, tout en gardant ton état, sans grande gêne, ni difficulté, ni effort cultuel excessif, renonce désormais à tous les saints ».
Il reçut d’année en année l’initiation directe du Prophète (P.S.L) ainsi que l’ordre et l’autorisation d’appeler les gens à cette voie. S’ensuivit alors une période de propagation qui dura 13 ans dans cette région, les gens affluant de multiples contrées pour tirer profit de sa Baraka et prendre de ce que lui avait confié le Prophète (P.S.L).
Son expansion devint considérable, en très peu de temps, et attisa la jalousie et l’inquiétude des autorités turques de l’époque, et Seydina Ahmad Tidjani dû s’exiler d’AbiSemghoune à Fès. De là-bas, depuis sa demeure, il s’occupe de l’initiation et de l’éducation de ses disciples. Très vite, la vaste étendue de son savoir particulier, la profondeur de ses enseignements et la manifestation de ses prodiges authentiques vont conquérir toujours de plus en plus de cœurs, parmi lesquels on trouve un nombre impressionnant de savants érudits. Deux mois après son installation à Fès, le Cheikh ordonna à un des disciples Sidi Ali Harazim Berrada, d’écrire sous sa dictée le livre phare de la tarikha, qui regroupe toutes les informations à propos de la voie, aussi bien la biographie du Cheikh que ses enseignements : le Jawahir al Ma’ani (« fond des sens des mots ou perle des expressions »).
Seydina Ahmed Tidjani quitta ce monde terrestre le jeudi 17 Chawal 1230 (1815) à l’âge de 80 ans. Après avoir accompli la prière du Soubh il s’allongea sur le côté, demanda un verre d’eau qu’il but, puis son esprit agrée quitta son corps béni. Il fut enterré dans le jardin qui juxtaposait les murs de la Zawiya bénie de Fès, par la suite, au fur et à mesure de son agrandissement cette parcelle fut incluse dans les murs de la Zawiya.
La Méthode Tidjani
La Tarikha Tidjaniya repose à part entière sur les deux sources fondamentales que sont le Coran et la Tradition prophétique. Les conditions de cette voie spirituelle trouvent ainsi logiquement leurs fondements dans les sources précitées. On en déduit alors, que si ces conditions sont respectées, la Tarikha l’est aussi. Le respect ainsi acquis, le disciple pourra en bénéficier pleinement. Il va de soi que chaque disciple se doit de connaître les chartes, ainsi qu’un minimum en matière de Coran et de Hadith prophétique qui lui serviront d’appui.
Voici quelques conditions de la voie:
- Le Mouqadam qui donne l’affiliation doit être consacré dans sa fonction par le Cheikh fondateur ou par un de ses représentants notoires.
- Le candidat à la Tariqa Tidjaniya ne doit pas avoir les oraisons des autres maîtres spirituels. Il ne lui est pas permis d’avoir une autre voie et d’autres wirds en même temps que celui-ci.
- L’accomplissement des cinq prières, en leur temps, en groupe, si cela est possible, et le respect de la Chari’a.
- Il faut aimer le Cheikh d’un amour puissant jusqu’à la mort ainsi que son successeur.
La méthode Tidjani consiste à des invocations par la formule de pardon (istighfar), la prière sur le Prophète (Salat al Fatihi) et la formule de l’unicité divine (La ilahailallah), le disciple s’engage à respecter l’accomplissement des oraisons jusqu’à sa mort. L’éducation Tidjani permet une adhésion de cœurs et d’âmes des disciples qui aiment suivre la méthode de rapprochement de l’homme de son créateur. Le « Cheikh » éduque ses disciples directement ou par l’intermédiaire d’une personne initiée (Mouqadam) et œuvre pour leur éliminer les caprices personnels, les rendre pieux, et bons croyants.
Les Successeurs de Cheikh Tidjani
Son successeur immédiat a été Sidi Ali Tamacini qui a hérité du Khalifat après le décès du Cheikh mais tout au long de l’expansion de la voie, plusieurs grands khalifs se sont distingués par leurs actions. Parmi ceux qui l’ont étendu en direction du sud, vers la Mauritanie et toute la zone soudano-sahélienne, il y’a Mouhamad al-Hâfiz al Shingiti (1830), et vers les confins de la Guinée et du Sénégal dans tout le Soudan, il y’a El Hadji Omar Tall (1864) qui hérita du khalifat de la Tarikha via le pôle Sidi Mouhamad al Ghali, a largement contribué à étendre la tarikha. Son action sera principalement poursuivie au Sénégal par El hadji Malick Sy mais aussi par d’autres grands saints de la Tarikha comme Amary Ndack Seck de Thienaba, El Hadj Ahmadou Barro Ndieguene, El Hadj Abdoulaye Niasse etc.