L’école Hanafite

L'ECOLE HANAFITE

L’école Hanafite (Imam Abou Hanifa: 80-150/703-767)

Abou Hanifa Noumane ibn Thabit, d’origine persane, est né à Koufa (Irak) en l’an 80. Il faisait le commerce de la soie et réussit parfaitement dans ce domaine. Il abandonna le négoce pour s’occuper des études auprès de grands savants notamment Hammad ibn Soulayman.

Après la mort de son maître, il prit sa place avec l’accord unanime des gens de Koufa. Il devint leur jurisconsulte. Il était le premier à avoir inscrit et classifié le Fiqh en chapitres et en sections tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Il était réputé pour sa piété, sa sincérité et sa générosité. Abou Hanifa était aussi un homme courtois, qui parlait très peu. Il priait beaucoup la nuit et récitait le Coran. On dit qu’il faisait la prière du Fajr avec les ablutions du ‘Isha pendant quarante ans. Quelqu’un l’a insulté pendant qu’il donnait un cours, il continua le cours sans se tourner vers lui ni lui répondre.

Après le cours, l’homme le poursuivit en l’insultant jusque chez lui. Avant de rentrer à la maison, l’Imâm lui dit: « Là est ma maison, s’il te reste encore quelque chose à dire, dis-le avant que j’y entre ».

Le Calife Marwan ibn Mohammed lui proposa le poste de ministre du Trésor, il refusa de crainte d’être complice des injustices commises par les gouverneurs.

Il fut emprisonné pendant quinze jours et tabassé. Quand il sortit de la prison, il s’exila à la Mecque et ne retourna à Koufa qu’après la chute de la dynastie des Omeyyades.

Son école juridique (Madhab) se fonde sur:

*Le Coran
*La Sunna authentique
*Le consensus des compagnons. S’il y a un désaccord parmi les compagnons, il adopte l’opinion la plus proche des principes généraux du Coran et de la Sunna. Il exige que le hadith soit suffisamment célèbre pour l’admettre. En l’absence de consensus des compagnons, il recourt à sa propre opinion ou son jugement personnel.
*Le raisonnement par analogie.

Basée sur la réflexion et l’opinion, sa méthode consiste à rechercher le but et l’esprit de la norme et non pas l’énoncé ou la lettre. Son école a la réputation d’être l’école de l’opinion. Elle est répandue en Irak, en Syrie, en Afghanistan, au Pakistan, en Iran, en Inde, à l’île de la Réunion, en Turquie et une grande partie de l’Egypte.

L’imam Abou Hanifa privilégie l’analogie au Hadith authentique quand il s’oppose à un autre Hadith. C’est pour cette raison qu’il fut l’objet de critiques de la part des gens du Hijaz, les spécialistes du Hadith arguant du fait que si l’on insiste trop sur le motif et la signification de la règle, on devient des législateurs rationalistes au lieu d’adorer Dieu en se conformant strictement au précepte.

L’école d’Abou Hanifa est la plus répandue et la plus tolérante du fait qu’elle insiste beaucoup sur l’activité de la raison sans porter atteinte ni à la lettre ni à l’esprit des textes. Abou Hanifa se sert de l’opinion et de l’analogie plus que les autres Imams.

SOP NABY FRANCE

L’école Hanbalite

L'ECOLE HANBALITE

L’école Hanbalite (Imam Ahmed ibn Hanbal: 164-241/778-855)

Abu Abdullah Ahmed ibn Mohamed ibn Hanbal Achibani constitue le précurseur de l’école Hanbalite. Né à Bagdad en l’an 164 de l’Hégire, il y poursuivit ses études fondamentales. Plus tard, suivant sa quête grandissante du savoir, il effectua des voyages dans plusieurs pays, notamment au Yémen, à la Mecque, à Médine, en Egypte et en Syrie.

Il se spécialisera par la suite dans la science du Hadith dont il en apprit des milliers par cœur. 

Les savants lui reconnaissent l’intégrité et l’érudition en matière de Hadith. Nous citerons d’ailleurs pour étayer cette affirmation, les propos de l’imam Ashafei: « J’ai quitté Bagdad et je n’y ai pas laissé de plus pieux ni de plus savant que Ibn Hanbal ». 

Il a écrit plusieurs ouvrages dont le plus célèbre est « al-Mousnad » , livre comportant plus de quarante mille hadiths. L’Imâm Ahmed a vécu dans le dénuement le plus complet, tournant le dos aux plaisirs de la vie mondaine, refusant les biens et les privilèges des hautes fonctions. D’ailleurs, dans son dessein de se détacher complètement de tout mal pouvant provenir de ces derniers, il refusa d’effectuer la prière derrière son oncle Ishaq et ses cousins étant donné leurs relations avec les autorités. 

Son opposition aux théories sur « la création du Coran » lui valurent force persécutions et maltraitances émanant du pouvoir. Malgré la prison et la torture, l’Imâm ne céda, ne serait-ce que d’un pouce.

Son école juridique (Madhab) se base sur les sources suivantes:

  • Le Coran
  • La Sunna
  • La tradition des compagnons (et ce, même s’il s’agit d’un seul compagnon pourvu qu’elle ne soit pas l’objet de contestation ou de divergence, auquel cas il choisit la position la plus proche du Coran et de la Sunna).
  • L’analogie en cas de nécessité. 

Ibn Hanbal est un spécialiste de Hadith et non un jurisconsulte, mais certains lui reconnaissent les deux qualités. L’opinion personnelle et le jugement préférentiel occupent cependant, peu de place dans son école.

L’école hanbalite tend à actualiser le passé en mettant en relief toutes les valeurs morales, en se conformant au Coran, à la Sunna et aux traditions des compagnons. Son école est appliquée officiellement en Arabie Saoudite et au Qatar.

Remarque : Suivre une école juridique

Il n’y a aucun mal à apprendre le droit musulman dans le cadre de l’une des écoles juridiques, à condition de suivre les arguments de sorte que, si l’école adopte une opinion contraire à un argument juste dans une question donnée, on puisse s’en démarquer. 

En effet, l’obéissance à Allah (SWT) et à Son messager (SAWS) prime sur toute autre obéissance. 

Il convient de respecter toutes les écoles juridiques et de ne pas se laisser guider par l’esprit partisan au point de leur porter un culte dogmatique. La quête doit être orientée vers la vérité dans le respect des ulémas (savants) et de leurs avis.

La démarche à suivre doit donc être fondée sur une confrontation courtoise des idées dans le seul but de parvenir à la vérité.

Cela ne sous entend en aucun cas pour celui qui n’est pas capable de déduire des arguments solides, d’engager des efforts devant mener à une fructification des textes, ou alors de mener un effort de réflexion pour lequel il n’est pas outillé. 

En effet, le désordre général qui pourrait en découler est évident.

Par ailleurs, pour celui qui est capable de comprendre, il est recommandé de connaître au moins l’argument de son imam ou de son école. Un disciple éclairé n’a pas le même mérite qu’un imitateur inconditionnel.

Le commun des pratiquants, non en mesure de percevoir les arguments soustendant la recommendation, et non à même de comprendre certaines positions à la manière des ulémas, a  l’obligation de suivre les connaisseurs et de les interroger conformément aux propos du Très Haut : ( Interrogez les gens du Rappel si vous ne savez pas).

Il s’agit d’une erreur que de refuser de s’instruire alors que l’on se situe dans les dispositons pour,  sous prétexte que seuls les ulémas sont capables de comprendre les arguments.

L’école Chafiite

L'ECOLE CHAFIITE

L’école Shafiite (Imam Châfî: 150-204/769-820)

Imam Abdallah Mohamed ibn Idris, plus connu sous le nom d’Imam As Chafi’i est issu de la lignée d’ Abou Talib grand-père du prophète Mohamed (SAWS). 

Ses ancêtres résidaient à la Mecque, mais son père s’établit à Gaza où il naquit. Suite à son décès, sa mère regagna la Mecque où l’enfant grandit en orphelin.

Après avoir appris le Coran, il se pencha sur l’étude du Fiqh auprès de grands érudits qui l’autorisèrent à établi et des Fatwas dès l’âge de 15 ans. Il effectua des voyages d’études à Médine, en Irak, en Egypte.

Dans le report de son histoire, on retiendra qu’il récita de mémoire « al-Mouattaa » (l’une des premières rédactions de la loi musulmane, compilée et éditée par l’Imam Malick RTA) devant son auteur. Il enseigna en Egypte et y dicta à ses disciples son livre « al-Oum ».

Le mérite de l’imam Châfî (RTA) réside dans l’initiation de la science des fondements du Fiqh. Son œuvre « Rissala » à travers laquelle il développe les règles et les méthodes de déduction et d’interprétation, ne cesse de susciter l’admiration des juristes et des Faqihs sur l’échelle planétaire. L’imam Ahmed ibn Hanbal (RTA) qui fut à une époque l’un de ses disciples, témoigna à son sujet en ses termes : « Achafei était le plus grand Faqih du monde en matière de Coran et de Sunna ».

Imâm Châfî était un homme d’un très bon caractère, généreux, courageux et d’une intelligence rare.

Son école juridique (Madhab) se fonde sur les sources suivantes :

  • Le Coran
  • La Sunna
  • Le consensus (qui signifie selon lui l’absence de désaccord)
  • L’analogie

Imâm châfî s’appuie fortement sur la Sunna. Il admet dans sa pratique, le hadith rapporté par un seul compagnon, si le rapporteur est digne de confiance. Il rejette le jugement préférentiel au sujet duquel, il écrivit un livre intitulé: «Invalidation de l’istihsan ». Il considère cette règle comme constituant un procédé de légifération.

 Il rejette également la règle de l’intérêt absolu et ne tient pas compte des habitudes des habitants de Médine. Il critique la méthode des hanafites consistant à exiger la notoriété des hadiths comme condition de validité.

L’école de châfî se situe entre l’école de l’opinion (Irak) et celle des tenants du hadith (Hijaz). Il concilie le rigorisme des uns et la souplesse des autres.

Imâm châfî a mis sur pied deux écoles : Une en Irak (l’ancienne) et une en Egypte (la nouvelle).

Son école est répandue en Egypte, en Afrique orientale, en Indonésie, en Malaisie, en Thaïlande, en Somalie, au Kurdistan.

L’école Malikite

L'ECOLE MALIKITE

L’école Mâlikite (Imam Mâlik: 93-179/717-801)

Imam Mâlik ibn Anas, d’origine arabe, est né à Médine en l’an 93 et y résida jusqu’à sa mort en l’an 179 de l’Hégire. Son grand-père Abou Ameur fut un fidèle compagnon du prophète (SAWS) et mena plusieurs batailles avec ce dernier.

 Il a étudié auprès des disciples des compagnons jurisconsultes et Mouhaddithoun (spécialistes du Hadith). Sa qualité d’Imâm jurisconsulte et de Mouhaddith fut attestée par ses maîtres, qui l’autorisèrent à enseigner et à délivrer des Fatwas dès l’âge de 17 ans. 

Confit dans une piété ascétique, Imam Mâlik (RTA) était un homme modeste, bienveillant et rempli d’amour à l’égard du Prophète Mohamed (SAWS), si bien que par respect à sa mémoire, il n’a jamais enfourché une monture à Médine.

Les Califes Abu Jaafar al-Mansour, al-Mahdi, Haroun Ar-rachid le tenaient en haute estime. Ils lui demandaient souvent conseil et assistaient à ses cours pendant le pèlerinage. On le citait comme exemple dans une maxime stipulant : « Pas de Fatwa à Médine tant que Malik ne s’y trouve ».

Le Calife al-Mansour, de son vivant, demanda à l’Imâm Mâlik de composer un livre qui ferait autorité sur l’ensemble des hadiths du prophète (SAWS) et servirait de constitution d’État. Dans cette persepective, l’Imâm rassembla son célèbre recueil de hadiths intitulé « al-Mouattaa » mais refusa qu’on lui accordât un caractère officiel de manière à ne pas l’imposer, estimant qu’aucun livre, excepté le Livre de Dieu, ne devait s’imposer à l’ensemble des musulmans.

Comme majorité des grands hommes défendant des principes de droiture et de véracité, L’Imâm Mâlik fut emprisonné et torturé pour avoir émis une fatwa défiant la politique du Calife. Ce dernier avait décrété le divorce automatique de quiconque romprait le serment d’allégeance qui l’engage envers l’État. L’Imâm déclara que le divorce sous la contrainte était nul et non avenu.

Son école juridique (Madhab) se fonde sur les sources suivantes :

  • Le Coran
  • La Sunna : A l’image d’Abou Hanifa Imam Mâlik n’exigeait pas la notoriété du hadith, cependdant, il mettait un point d’honneur sur l’authenticité du sanad (« l’appui »).
  • La pratique des habitants de Médine
  • L’analogie

Pour les deux derniers points cités, notons tout de même qu’imam Mâlik privilégiait la pratique des Médinois à l’analogie et au hadith rapporté par un seul compagnon, même authentique.

Bien qu’il lui soit arrivé de faire appel au jugement préférentiel, Imam Mâlik n’en faisait pas usage autant que l’imam Abou Hanifa. Il penchait plus pour le « taqlid » (l’imitation) que pour la réflexion. La méthode de l’imam Mâlik s’apparente à celle des spécialistes du hadith. Il se limite au réel sans extrapolation, à la différence des gens de l’opinion en Irak qui s’étendent aux hypothèses.

Il prend en compte la tradition du compagnon qui, selon lui, prime sur l’analogie. 

Sur ce point, il a été critiqué en ce sens que le compagnon n’est pas infaillible. Son école est suivie au Maghreb, au Mali, au Sénégal, au Nigeria, au Tchad, au Soudan, au Koweït, au Qatar, au Bahreïn et dans les zones rurales d’Egypte.