Déclaration du Khalif général des Tidianes du Mercredi 18 Août 2021 à l’occasion du nouvel an musulman

Au nom de Dieu, le très miséricordieux, le tout miséricordieux.

Salut et prières sur le Meilleur des Hommes, l’Elu par qui dieu a existencié tout ce qu’il a voulu créer. Dieu l’a choisi parmi les hommes, il est tendre et clément vis-à-vis de ceux qui le suivent (la Umma). Dieu l’a envoyé en tant que témoin, annonçant les bonnes nouvelles mais aussi en tant qu’avertisseur.

Satisfaction de Dieu à l’endroit du Pôle Caché, l’isthme qui scelle la sainteté , notre maitre Abul Abass Ibn Mouhamed.

Honneur et salut aux autorités religieuses du Sénégal sans exclusive à qui par ma voix et celle de toute la famille du Vénéré Cheikh El Hadj Malick Sy ( RTA) je réitère mes vœux de paix, de santé , de longévité à l’occasion du nouvel an musulman et de l’Assomption.

Je les invite, comme je m’y invite, à persévérer dans la prière et l’invocation pour conjurer le mal. Unis dans la prière, nous pouvons espérer la délivrance face à cette menace qui plane autour de l’humanité sans aucune solution durable et définitive n’y soit encore trouvé. La pandémie qui frappe notre siècle a fini de nous montrer que sans le secours de Dieu, l’homme est dans le dénuement le plus total, eu égard à sa précarité constituante. Ensuite prions. Car l’invocation est l’arme des croyants, à-t-on appris du Prophète ( PSL) dans un Hadith célèbre.

Honneur et Salut au Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Macky SALL a qui revient l’ardente tâche de présider aux destinées de notre pays dans les bons comme les mauvais moments. Je prie le Seigneur de continuer à guider ses pas et à l’inspirer dans la recherche de solutions aux multiples défis qui nous étreignent.

Avant d’aller dans le fond de cette prise de parole, qu’il me soit permis de m’incliner devant la mémoire de trois figures emblématiques de notre religion qui nous ont récemment quittés, je voudrais ici témoigner ma compassion à leur famille et à leurs communautés respectives. Il s’agit feu El Hadj Abdoulaye THIAW Laye, Khalife Général des layènes, de feu Serigne Abdourahim SECK, Khalife Général de Thienaba et de feu Serigne Mansour SALL, Khalife de la famille de Serigne Abbass SALL, Qu’Allah SWT les couvre du manteau de Sa Miséricorde infine et leur œuvre les portes de son paradis réservé à Ses Elus.

Ceci étant dit, ma conscience a été interpellée ces derniers temps par les multiples soubresauts qui affectent notre société et dont le soubassement moral est à rechercher en chacun d’entre nous.

 

Je pars du constat que partout et dans chaque acte de notre vie, la violence physique et celle verbale ont atteint des propositions inédites mettant en lumière notre incapacité à se respecter les uns, les autres et à préserver notre volonté commune de vivre ensemble, qui est le fondement de toute société qui aspire au progrès économique et social.

Cette situation est exacerbée par notre profonde inclinaison à instaurer une compétition malsaine entre nous dans la quête des biens de ce monde et des positions qu’elles soient religieuses, politiques ou sociale. Alors que le coran invite à la saine concurrence dans le bien et la piété à la place d’une compétition malsaine dans le péché et l’inimité. « Entraidez-vous dans l’accomplissement des bonnes œuvres et la piété. Ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression. Et craignez Allah, car Allah est, certes dur en punition » (Sourate Al Maa’ida , verset 2 ).

Prenons garde que le jeu sordide qui consiste à se faire peur les uns, les autres ne place notre nation au bord d’un précipice qui pourrait être préjudiciable à ce que des générations et des générations de bâtisseurs infatigables se sont efforcés à préserver au prix de leur sang et de leur liberté, ou au prix de multiples sacrifices qu’aucun d’entre nous n’est assez outillé à consentir aujourd’hui.

Prenons garde d’ériger des frontières artificielles qui pourront faire le lit de démons œuvrant pour désunir ce que Dieu a ordonné de maintenir uni « (Ceux) qui rompent le pacte qu’ils avaient fermement conclu avec Allah, coupent ce qu’Allah a ordonné d’unir, et sèment la corruption sur la terre, Ceux-là sont les vrais perdants » (Sourate 2, la Vache, verset 27).

Prenons garde de mettre en avant nos appartenances religieuses, confrériques ou ethniques qui finira par détruire la beauté de notre multiplicité que le Coran magnifie en ces termes : « O hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des peuples et des tribus (différents) afin que vous vous entre-connaissiez » ( Sourate Al hujuraat, Verset 13 ).

 

J’exhorte chacun d’entre vous à reconsidérer son rapport avec son prochain en respectant sa différence : c’est cela le legs que nous ont laissés nos anciens. Efforçons nous de le préserver et ded le transmettre intact aux générations à venir.

L’insulte et le dénigrement gratuits sont érigés en moyens d’ascension et de promotion sociale. Ce phénomène est exacerbé par l’avènement des réseaux dont  certains usent et abusent pour atteindre d’honnêtes citoyens confortés en cela par l’anonymat et la facilité d’accès offerts par ces derniers, mais également par la multiplication des médias dont les programmes sont librement diffusés sans aucune censure même pour ce qui heurte notre conscience ou notre moralité.

L’exhibition est devenue une mode surtout chez les femmes grâce à ces mêmes réseaux. L’alcoolise gangrène notre société avec de plus en plus de jeunes quo s’y adonnent. J’invite l’Etat à sévir pour juguler ces mauvaises pratiques.

Si j’alerte sur ces tares, c’est par ce que nous savons qu’elles sont les germes de la division et de l’autodestruction de toute société. Gageons de les conjurer tous ensemble par la culture de la paix et de la tolérance, de la fraternité humaine et de l’acceptation de nos différences de croyances, de cultes et d’opinions.

En ces moments d’preuves de toute sorte liées à l’apparition de cette pandémie qui a éventré toutes nos certitudes, installant le doute, la souffrance, la remise en cause de nos conforts et de nos habitudes, l’instabilité et de la fragilité, c’est également un devoir d’appeler nos concitoyens à un retour vers Dieu par la prière et non par le reproche, par la charité, le partage et la solidarité et non par le repli sur soi et l’individualisme.

 

A l’apparition de cette pandémie dans notre pays, j’ai eu à prendre des mesures douloureuses dictées par les recommandations divines et la sunna du Prophète Muhamed Paix et Salut su lui, ceci combiné avec les recommandations des hommes de science, en l‘occurrence les médecins, conformément à l’invite coranique : « interrogez les détenteurs du rappel, si vous n’êtes pas savants ».

 

J’avais invité à fermer les mosquées et à confiner les daaras de notre obédience pour casser la chaine de transmission du virus en nous inspirant de leurs conseils avisés. Cette même démarche a été reconduite à l’approche de célébration de la naissance du prophète, communément appelé « Gamou ». Ce qui m’avait amené à inviter les fidèles à célébrer le Gamou, chacun dans son intimité. Rien n’était plus douloureux à mes yeux que cette décision, au regard de la place que notre voie mouhamédiènne accorde à la fréquentation assidue des lieux de culte pour s’acquitter de nos obligations rituelles et confrériques.

Mais la situation sanitaire de même que ma responsabilité de chef de communauté religieuse l’exigeaient et l’exigent toujours. J’ai même par moment, lorsque la situation sanitaire s’était améliorée de la réouverture des mosquées. Ils m’ont recommandé la prudence face au risque de flambée lié au relâchement des populations quant au respect des gestes barrières pendant cette période de fête et à la présence sur notre sol du nouveau variant Delta. L’avenir leur a malheureusement donné raison.

Notre pays est entré dans une troisième vague, plus virulente, plus meurtrière et plus inquiétante quant à ses conséquences sur notre système sanitaire, malgré les efforts considérables consentis par nos autorités sanitaires pour l’endiguer.

Sur cette question, mes pensées vont vers tous ceux et toutes celles qui y ont laissé leur vie, présentant mes condoléances les plus attristées à leurs familles et priant pour le repos de leurs âmes. Mes prières vont également vers tous ces malades qui souffrent dans les hôpitaux ou dans leurs domiciles et qui luttent pour recouvrer leur santé avec l’aide de nos vaillants et braves médecins. Qu’Allah SWT les assiste dans leur lutte et leur fasse recouvrer vite leur santé.

Face à une telle situation, j’ai le devoir d’interpeller la responsabilité individuelle de chacun  à se prémunir en respectant les recommandations des autorités sanitaires et administratives et en se référant aux conseils des médecins , notamment , par le respect des mesures barrières individuelles et collectives et par la vaccination qui, l’apparition de cette pandémie et dont je me suis déjà acquitté en y incitant ma famille et mes proches.

Facilitons la tâche aux autorités étatiques. Soulageons le personnel de santé qui n’a pas connu de répit depuis plus d’un an et demi, en s’en tenant à leurs recommandations. Rendons leur un vibrant hommage pour leur abnégation et leur sens du sacrifice, en leur facilitant leur tâche déjà très difficile. Nous devons nous inspirer de ce qui se passe partout dans le monde : il n’a pas de baguette magique pour faire disparaitre cette maladie, il n’y a que la résilience. Apprenons à l’avoir chacun par lui-même. Ensuite continuons à prier pour que le Seigneur nous vienne en aide. C’est de Lui seul que nous pouvons attendre assistance pour nous en protéger. Que Dieu en préserve l’humanité.

C’est donc confiant que chacun pourra tirer de mes propos ce qui pourra lui être utile et en faire usage profitable, que je profite de l’occasion qui m’est offerte pour souhaiter une paix durable et une santé de fer à chaque sénégalais tout en les appelant à la fois, à l’endurance et à la patience. Puisse Dieu protéger et préserver notre cher pays.

Paix et bénédictions

Serigne Babacar SY Mansour, Khalife general des Tidianes

Auteur : Cellule Zawiya Tijaniyya