El Hadji Malick et la Tidjaniyya en Côte d’Ivoire

La disparition d’El Hadji Omar a entrainé un ralentissement de l’expansion de la Tidjaniyya mais non un arrêt. L’œuvre de diffusion fut poursuivie par de grands maîtres tels que El Hadji Malick Sy. Né à Gaé près de Dagana vers 1855, El Hadji Malick Sy est allé à la Mecque en 1888. Il en revient avec le grade de Khalife de la Tdjianiya pour le Sénégal. En Afrique subsaharienne, El Hadji Malick Sy a beaucoup contribué à la propagation de l’islam et de la Tidjaniya. Une fois à Tivaoune, il œuvra pour la célébration du Maouloud parmi les musulmans du pays, à tel point qu’au Sénégal, cette fête musulmane célébrant la naissance du Prophète, est associée au Tidjani. Il meurt le 27 juin 1922 à Tivaoune où il est inhumé. La Zawiya d’El Hadji Malick Sy figure sur la liste des sites et monuments historiques.El Hadji Malick Sy, pour contrebalancer la politique d’assimilation menée par les colons, chargea des Moqqadem de le représenter partout ou il l’estimait nécessaire. C’est ainsi qu’il dépêcha El Hadji Amadou Bouya pour le représenter en Côte d’Ivoire.

Ces Moqqadem étaient chargés de continuer l’œuvre d’éducation du maître auprès des élèves. C’était une stratégie d’islamisation décentralisée évitant tout mouvement et déplacement potentiellement suspect aux yeux de l’Administration coloniale.

Les visites de Seydou Nourou Tall, petit fils d’El Hadji Omar, favorisées par l’Administration coloniale pour résoudre diverses disputes de mosquées, n’a pu que stimuler le développement de l’islam en général et la Tidjaniyya en particulier.

La visite de Abdoul Karim Ly (élève d’El Hadji Malick Sy) en 1932 à Aboisso, a permis à Bassougi Diagne, troisième Imam d’Aboisso , d’accéder au grade de Moqqadem Tidjani. Il avait déjà été initié en 1908 par un marabout en route vers le Congo.

Arrivé en Cote d’Ivoire en 1968, Amadou Saidou, fils de Ahmadou Barro, père de Mansour Barro, Khalife des Tidjanis de Medina Gounasse confia à Hampate Ba que la Tidjaniya devait être présente partout en Côte d’Ivoire. Il a, fort de cet objectif, visité toutes les grandes villes du pays pour faire connaitre la Tidjaniyya.

El Hadji Medoune Cisse, arrivé en Côte d’Ivoire en 1904 comme ouvrier, a séjourné à Bassam avant de s’établir à Abidjan. Il a participé à la construction de la première Mosquée d’Abidjan. Puis encore, il a construit une villa qu’il a mise à la disposition des sherifs séjournant à Abidjan. Ce faisant, il encourageait leur venue et participa de fait à la diffusion de la Tidjaniyya en Cote d’Ivoire.

Les visites de Mansour Barro de Medina Gounasse après les indépendances, ont aussi permis de mieux faire connaitre la Tidjaniya. La nomination d’El Hadji Ismaël Samasi, comme Moqqadem à Daloa en 1987, fut une illustration de cette pénétration dans le Haut Sassandra.”

Ce n’est pas pour rien qu’en 2010 l’actuel khalife général de la Tidjaniyya en Côte d’Ivoire Cheikh Moustapha Sonta dit: « La famille de Seydi Elhadji Malick Sy de Tivaouane représente pour nous une référence pour le rôle qu’elle a joué dans l’organisation de notre communauté. »