L’Islam est une religion « nouvelle » au Gabon. Mais elle est certainement la plus pratiquée après le christianisme, notamment par la forte communauté ouest-africaine vivant dans ce pays depuis un peu plus d’un siècle.
L’arrivée en 1899 des Haoussas à Oyem est l’un des points de départ de l’expansion de l’Islam. En effet, ce peuple qui est au fond mélangé, dans sa migration, aux Foulbés, s’installe dans un espace qui lui est grâcieusement accordé par le chef de village de Mendoung Nkodjègn (devenu Akoakam) Mba Mengue m’Ekoga.
C’est dans cet espace situé entre Mendoung, Methui et Mekaa que les premières sourates vont s’élever dans le ciel de ce qui allait devenir le Neu Kamerun et plus tard la province du Woleu-Ntem.En 1902, une importante délégation de miliciens (miliaires) originaires de l’AOF arrivent à Libreville et s’installe à Nomb’Akélé et plus loin à Lalala. Il y a aussi des travailleurs venus pour des chantiers engagés par l’administration coloniale.
Entre temps, Ndjolé, « La prison coloniale » de la France au Gabon, a déjà accueilli le résistant guinéen Samory Touré surnommé L’Almamy. Et après lui Cheikh Hamadou Bamba qui allait devenir plus tard le fondateur de la confrérie des Mourides.
Mais c’est à la personne de El Hadj Ndari Mbaye qui serait arrivé de Tinaouane au Sénégal vers 1919 que l’Islam doit sa réelle expansion.
L’homme enseigne dans les domiciles et prêche l’unité des musulmans. Il réussit l’exploit de mettre ensemble dans les mêmes salles de prière Haoussas, Foulbés, Malinké, Sarakolé, Pôpô et autres. En 1938, les syro-libanais reconnaissent eux aussi son autorité par le fait de l’adhésion à son mouvement de la grande famille Moukarim.
L’Islam attire alors des autochtones. Vers 1926, un membre de la jeune élite intellectuelle engagée dans la lutte contre la domination coloniale se convertit. Il s’appelle Ignace Bekalé. Plus tard il fera un voyage à la Mecque pour devenir El Hadj Mamadou Ignace Bekale. L’histoire se souviendra de lui comme celui qui va céder une de ses terres pour la construction de la Mosquée Centrale derrière laquelle il est d’ailleurs enterré. L’administration coloniale va recevoir d’une famille originaire de BAtavéa une parcelle pour ériger en 1931 la première mosquée de Libreville. Mais la première mosquée construite par les convertis gabonais eux-même est celle du village de Doumeya, sur la route de Ntoum.
Sous la houlette de El Hadj Ndari Mbaye, les Tidjaniya, les Qadriya et les Mourides s’unissent. Il est alors choisi comme premier Imam du pays. Après sa mort en 1947, d’autres leaders émergent. Malam Abdou, Abdou Garba et Lamine Diop. Plus tard, dès 1955, on parlera de Fakia Abdoulaye Nassirou Hadama Diarra.
Les premières écoles coraniques voient le jour en1932 et 1936. LA plus célèbre est celle de Hadama Diarra qui est située d’abord à Batavéa puis à Nombakélé où règne le maître marabout Malam Salatou.
C’est pourtant la conversion d’Albert-Bernard Bongo en 1973, influencé par Hassan II et Moapa Béotsa, qui va entraîner les plus importantes conversions. Choix intéressé ou véritable volonté de commencer une nouvelle vie spirituelle ? Toujours est-il que pendant sa présidence qui a duré 42 ans, les musulmans d’origine Bantou sont devenus de plus en plus nombreux se mêlant aux musulmans venus du Nord Cameroun, du Tchad, d’Afrique de l’Ouest, du Proche et du Moyen-Orient.