Serigne Mouhammadou Moustapha SY "DJAMIL"
L’on raconte que lors de son baptême, son doigt a accroché le chapelet de Cheikh Seydi El Hadji Malick SY (Radiya Laahou Ta’ala Anhou). Ce dernier s’est penché vers son grand-père Mame Malick SALL pour lui dire : « il ne veut pas lâcher mon chapelet ».
Mame Malick Sall sourit et lui répond : « donnez-lui ce qu’il réclame, Maodo Malick ! » Maodo Malick posa sur lui un regard plein de douceur et d’admiration et dit : « Ha’zaa houwa! » (3 fois) : « C’est lui ! » ou « le voici ». Puis il ajouta : « Dieu m’a accordé tout ce que je désirais sauf une chose… » Mame Malick SALL, intrigué, de s’enquérir : « reste-t-il quelque chose que le bon Dieu te doit à toi Maodo Malick ? »
Maodo Malick, la voix pleine de regrets répond : « je voudrais tellement être le Témoin de son temps, mais je sais que cela Dieu ne me l’accordera pas ! ». Son père Cheikhal Khalifa Ababacar SY dira de lui : « Moustapha est le domaine réservé de Dieu, nous en avons seulement la garde ».
J’en jure par l’exemplarité de ta vie que personne n’atteint à ta dignité et que les trois « miroirs » de Dieu te sont rendus dignes d’amour.
Oh ! Lecteur, veux-tu que je te dise à quels « miroirs » je fais allusion ? Si tel est ton désir sache, qu’au commencement, avant que la lumière d’Éternité ne jaillisse sur la page du destin, « alors Dieu était et rien d’autre que lui n’était » (Haïçu Kana llâhu wa lam yakoun ma’ahou shaïoun »). Allâh, l’unique et Un (Allahou wâhidoul ahad), dans son insondable Solitude et sa Puissance Absolue (Qudratuhul mutlaqatu) s’auto-louait ou s’auto-glorifiait à travers « trois miroirs-attributs » :
Jamâluhul mutlaqu (sa beauté inconditionnée) ;
Jalâlul izzati (sa Majesté splendide) ;
Kamâlul azamati (sa Perfection Incommensurable).
Oh ! Lecteur, veux-tu en savoir davantage ? Je te renvoie à Cheikhal Khalifa Ababacar SY qui mieux que quiconque, a magnifié ces trois « miroirs-attributs » dans son huruf. Dès le troisième vers de ce poème, il dit :
« Lakas sanâ wal izzou wal kamâlou, Lakaç çanâ wal hamdou wal jamâlou ».
« T’appartiennent la Transcendance, la Magnificence et la Perfection. Te reviennent la Gratitude, la Louange et la Beauté. » Plus loin, il ajoute :
« Allâhou akbarou wa azza jallâ subhâna man jalâlehou tajallâ »,
« Dieu est Grand et sa Majesté est manifeste, Exalté soit celui dont la Majesté s’est manifestée par elle-même ! ».
Moustapha (l’Élu) avait les yeux rivés sur ces trois « miroirs-attributs » de Dieu. Il était extérieurement avec la société des hommes, spirituellement, dans l’intimité et la retraite avec le Vrai. El Hadji Abdoul Aziz SY ne s’y est pas trompé lui qui, dès 1924, alors que Moustapha n’avait que huit ans, lui donna le surnom de « Seydi Djamil », « Seigneur du Beau » ou « Beau Seigneur ». Surnom qui préfigurait son destin. Car comme nous l’expliquent les Grands Maîtres (Arbâbul qaqqîqati) du Tassawuf : « l’être parfait ou l’homme parfait (Al insân al kâmiI) d’entre les gens d’Allâh (Awliyâhu), dans sa qualité la plus totale, opère son ascension graduelle dans la beauté. Et cette ascension se réalise dans la perfection la plus accomplie.
Sa beauté est toute majesté et sa majesté est toute beauté. « Et Jamil de renchérir : « le Beau Absolu (Jâmil Alal Itlaq) est le Seigneur, Maître de l’éclat et des grâces. Toute beauté ou perfection qui se manifeste à tous les niveaux est une émanation de sa beauté et de sa perfection rayonnante ».
La beauté et la perfection de ceux qui possèdent un « rang » élevé (Martaba) sont un reflet de ce rayonnement.
Pour ma part, je le nomme « Seydi Djamil wa Jalîl wakâmil », « le Beau, le Majestueux, le Parfait » à cause de la force émanant du pouvoir (Sultân) de sa beauté. Il mérite véritablement d’être appelé ainsi car, en toute chose, « il contemple le vrai (Al haqq) d’une vision véritable (haqqan lyânan) et reste conforme au bien dans son comportement et ses qualités. Il connaît Allâh (Subhânaka wa ta’ala) en toute foi et certitude et son œuvre avec évidence et explication qui s’y affère. Il se maintient par les présences Contemplatives (Sawâhid) conférées par la crainte révérencielle (Hayba) et la majesté (Jalâl), il en acquiert un surcroît de proximité, de nobles et de surabondance (Ifdâl). Un tel homme est la Vérité façonnée dans une forme créée ou bien il est créature réalisant les significations divines et cela en toutes circonstances et déterminations, en tous propos et en toutes décisions (Taqrîr). Il répand dans la terre de son existence la lumière du soleil des principes intelligibles. Il est le Ciel et la Terre, la longueur et la largeur, »
Tous ceux qui ont approché Seydi Djamil ont eu le privilège d’être filmés par les anges sans le savoir.